Pierre Lecuire, Paris 1985.
Un fort volume in-4, en feuilles, couverture blanche imprimée rempliée, emboîtage éditeur imprimé sur le front.
Édition originale, illustrée de 35 EAUX-FORTES ET POINTES SÈCHES DE PIERRE TAL COAT dont c'est le dernier livre.
Tirage à 72 exemplaires numérotés sur papier des Moulins de Larroque et Pombié, signés par l’auteur et portant griffe de la signature de l’artiste, décédé pendant la réalisation de l’ouvrage : 15 avec suite (1 à 15) + 45 (16 à 60) + 10 de collaborateures (I à X) + 2 de dépôt Légal.
Celui-ci n° 54, signé par Lecuire et la griffe de Tal Coat.
L'ouvrage, le plus rare et l'un des plus recherchés de l'artiste, est à l'état de neuf. Très beau.
(Ref: Catalogue des Livres de Pierre Lecuire, BnF, 2001, n° 38).
Note au sujet des livres de Pierre Lecuire, à l'intention de ceux qui veulent en savoir un peu plus…
Le poète français Pierre Lecuire (1922-2013) représente un cas sans doute unique dans la création littéraire contemporaine. Poète qui a choisi la voie difficile de la fusion de son poème avec le Livre, Lecuire travaille en collaboration avec les artistes, choisis par lui, de ses livres : Nicolas de Staël, Lanskoy, Etienne Hajdu, Geneviève Asse, Charchoune, Vera Pagava, Aguayo, François Rouan, Tal-Coat, etc. Il œuvre également avec les artisans de toute création de livres : typographes (Fequet et Baudier, François Da Ros, Francis Mérat), taille-douciers (Atelier Leblanc), coloristes, papetiers. En poète et architecte du Livre, il ordonne tous les éléments, les « fondamentaux » du Livre, textes, espaces, rythmes, traits, couleurs, jusqu'à former une unité, la plus parfaite possible. La rencontre de Nicolas de Staël et de Pierre Lecuire en mars 1945 à Paris fut déterminante pour l'œuvre du jeune poète à la recherche d'une forme d'expression personnelle. De cette exigeante amitié témoignent quatre livres importants : Voir Nicolas de Staël (1953), Ballets-Minute (1954), Maximes (1955), L'Art qui vient à l'avant (1948-1965). Le suicide du peintre à Antibes en mars 1955 mit fin à cette période d'« illumination première »., mais l'aventure se poursuit. Le flamboyant Cortège (1959) avec les papiers collés de Lanskoy fait rivaliser la puissance de la couleur du peintre et l'endiguement des mots géants du poème. Suit Règnes, et sa blancheur de neige (1961), premier « livre-sculpture » de notre temps, dont le tirage sur la presse à bras du sculpteur Hajdu a permis de creuser dans l'épais papier d'Auvergne la profonde empreinte des estampilles, croisées avec le noir des mots du poème. L'art aigu et souverain de Geneviève Asse, qui a collaboré à neuf livres de Lecuire - dont L'Air (1964), Litres (1969), Art poétique (1995), Delphiques (2000) - répond intuitivement aux exigences les plus extrêmes du livre. Il en est de même pour les Poèmes métaphysiques et les pointes-sèches de Vera Pagava. L'édition monumentale du poème métaphysique de La Femme Est marque le triomphe du poème autonome, où l'artiste est le poète lui-même. L'éloge de la Femme se confond avec la magnificence de la Lettre et du Mot. Au mitan de l'œuvre, les deux volumes du Livre des Livres (1970-1982) sont une des tentatives les plus ambitieuses de Lecuire : construire avec des « figures » de livres, d'après Hercules Seghers, une cathédrale sur la nature du langage dans le Poème. Trente-cinq peintres, graveurs, sculpteurs, compositeurs actuels participent à cette construction. Enfin, Le Livre des Portes, avec les compositions « égyptiennes » de François Rouan (1997), rejoint la forme majestueuse des grands livres des années 1960.
Ce sont là quelques aspects et quelques titres d'une création exaltant le Poème et marquée par l'exigence, la rigueur, le dépouillement, la quête d'absolu.
« Je ne fais pas mes livres pour abriter, cacher mes poèmes. Ce ne sont ni mes alibis, ni mes retraites. Ils sont l'expression dernière, monumentale, achevée du Poème. »
Nous proposons quelques-uns de ces créations dans notre catalogue.